Ne choisissez pas seulement votre salaire, mais aussi votre caisse de pension !

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Ne choisissez pas seulement votre salaire, mais aussi votre caisse de pension !

La récente votation du 22 septembre 2024 sur la réforme de la Loi sur la Prévoyance Professionnelle (LPP) a été rejetée par le peuple suisse. Ce refus souligne l’importance de bien comprendre le rôle clé que joue la LPP dans la constitution de votre patrimoine pour la retraite. Alors que le débat est encore frais, un phénomène de fond est à l’œuvre, qui a également une influence sur la prévoyance : la pénurie de main-d’œuvre !

En Suisse comme dans de nombreux pays européens, la pénurie de main-d’œuvre offre plus de possibilités de changement d’emploi. Toutefois, il est essentiel dans ce contexte de ne pas se laisser séduire uniquement par une augmentation de salaire, mais de prendre en considération l’ensemble des prestations proposées par l’employeur, notamment celles liées à la caisse de pension. Prenons l’exemple d’Erik, 45 ans, marié et père de 2 enfants. Il a été approché par une nouvelle entreprise qui lui propose une augmentation de salaire de 10%, passant de CHF 140'000 à CHF 154'000 annuels. Cependant, le nouveau poste présente des conditions de prévoyance professionnelle moins avantageuses et dont l’impact peut être mesuré.

La première étape consiste à calculer le salaire assuré, soit le revenu brut moins la déduction de coordination. Puis, il faut estimer le capital projeté à la retraite, qui dépend du taux de bonification de l’épargne. Bien que la loi fixe des taux minimaux en fonction de l’âge, chaque caisse de pension est libre d’appliquer un taux supérieur. Dans l’exemple d’Erik, sa caisse actuelle applique un taux unique sur l’ensemble de sa carrière, tandis que la caisse de la future entreprise applique le taux légal par tranche d’âge. Si Erik change d’emploi, il accumulera un capital de CHF 955'943 à la retraite, contre CHF 1'126'111 aujourd’hui, soit une perte de CHF 170'677. Cela se traduit également par une baisse significative de sa rente annuelle, qui passerait de CHF 65'314 à CHF 47'772 (une diminution de 27%, les taux de conversion du capital en rente n’étant pas les mêmes) !

Les autres éléments à prendre à compte sont le taux de rémunération des caisses de pension, qui fluctue en fonction des rendements des marchés (en 2021, es caisses ont enregistré des rendements record de près de 10% et des pertes moyennes de 10% en 2022), et les couvertures en cas d’invalidité et de décès. Si Erik devenait invalide, dans sa situation actuelle, il toucherait une rente annuelle de CHF 84'000, en plus des rentes pour ses enfants, soit un total plafonné à 90% de son salaire. En revanche, s’il changeait d’emploi, cette rente serait drastiquement réduite à CHF 41'315 (soit une baisse de 67%) ! Les prestations pour son épouse et ses enfants en cas de décès seraient également inférieures de 72%. Ce cas illustre les répercussions que peuvent avoir un changement d’emploi, si on analyse non seulement la différence de salaire, mais aussi la différence au niveau de la caisse de pension. Pour compenser les pertes de cette dernière, Erik devrait négocier un salaire nettement plus important. Au final, une bonne caisse de pension est un investissement à long terme qui mérite toute votre attention.

Albert Gallegos
Directeur Wealth solutions, BCGE

 

ENCADRE
Exemple de l’évolution de l’épargne entre 25 et 65 ans, dans 2 caisses de pension pour un salaire assuré de CHF 100'000, en fonction des bonifications légales ou du maximum permis par la LPP pour un salarié né le 1er janvier 1959. Hypothèse de rendement annualisé : 2.75%.