Dett’onation?
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En cette période de clôture du printemps et d’annonce des soldes d’été, un peu de légèreté s’impose au rythme du report des scénarii du pire échafaudés depuis déjà plus d’une année. Certes les fragilités accumulées par la guerre aux portes de l’Europe, l’inflation persistante, la croissance atone et le resserrement des taux d’intérêt assombrissent l’environnement et prolongent l’incertitude. La volatilité omniprésente n’empêche pourtant pas de reconstruire progressivement quelques gains avec certaines envolées dans les valeurs technologiques (performances du Nasdaq 100 de près de 15% sur le trimestre et plus de 35% depuis le début de l’année), et industrielles européennes ou une remarquable résilience de la dette de moindre qualité. N’oublions pas que, mis à part Nvidia, les autres gagnants directs ou indirects de l’évolution de l’intelligence artificielle tels que Microsoft, Apple, Alphabet, sont des acteurs dominants de l’innovation technologique depuis de longues années, voire décennies et que l’ajustement de leurs prix d’échange en 2022 relevait moins d’une perte de confiance dans leur modèle d’affaires de long terme que du sentiment déprimé des investisseurs. Et c’est bien ce sentiment qui se redresse et qui pousse à reconstituer une partie des valeurs massacrées l’an dernier. Sans grande conviction, ce mouvement encore ponctuel sur certains secteurs et sociétés de qualité témoigne de l’approche du point d’inflexion de la croissance et de l’inflation. Plus simplement, la dégradation de ces indicateurs se ralentit (la création de richesse – PIB se stabilise et l’inflation se tasse). L’arrêt de la dégradation est déjà une source d’amélioration que les marchés financiers veulent anticiper sans grande ambition. Cette période d’inflexion continuera de se caractériser d’une part par la dégradation de certains indicateurs retardés de l’économie comme l’emploi ou l’immobilier, et d’autre part par l’amélioration, même lente, d’autres marqueurs plus précoces.
Si ce point d’inflexion est réellement atteint sans rupture majeure, il laissera néanmoins des taux d’intérêt normalisés protégeant contre le retour d’une inflation moyenne de 2 à 3%, de la rentabilité des investissements et du prix du risque. La sélection fondamentale reprend tout son sens par les projets rentables et les sociétés qui les mèneront à travers les transitions. Innovation, technologie, propriété intellectuelle et formation continue offrent une réponse idoine aux transitions par la productivité, génératrice de revenus futurs. Elles permettent d’appréhender l’avenir des changements structurels dont la pénurie de main d’œuvre, de ressources ou encore les objectifs « net zéro ». Les services ont un potentiel de rehaussement de cette productivité et de revenus et c’est notamment à eux que sont adressées les innovations récentes, dont ChatGPT. La croissance des revenus permet ainsi d’appréhender sereinement la hausse de la dette privée et/ou publique ainsi que de son service. En Suisse et en Europe, par exemple, le service de la dette publique est inférieur à 1% du PIB après les ajustements récents. Alors cette augmentation de la dépendance financière est-elle réellement une dett’onation? Pas forcément, elle dépend de la dotation de la dette. Et, la perception des marchés financiers y adhère puisque les petites et moyennes capitalisations sanctionnées par les investisseurs craintifs du resserrement des conditions de financement, retrouvent leur attractivité, pour autant qu’elles poursuivent leur parcours innovant. Plus que la détonation, attachons-nous à la dotation de la dette.